En Novembre j’ai invité mes « parrains » d’Ulm à boire un café pour les remercier de leur soutien. J’ai, à cette occasion, fait un résumé de mon travail et ai conclu par cette phrase : « Il se passe pleins de choses au centre de Documentation : chaque jour de nouvelles manifestations, de nouveaux témoins, de nouvelles choses à apprendre ! »
La phrase décrit bien le mois de Novembre ! J’ai été très occupée. J’ai aidé à la mise en œuvre de la cérémonie en souvenir des prisonniers, qui a lieu chaque année à l’occasion du Volkstrauertag (jour du souvenir des victimes de la guerre). J’ai nettoyé et rangé le mémorial et j’ai préparé un écriteau descriptif des photos présentant chaque année le travail du DZOK. La cérémonie du souvenir est le plus grand événement de l’année, de nombreuses personnes qui soutiennent le travail du mémorial s’y retrouvent. La particularité, cette année, était le 80e anniversaire de l’ouverture du camp de concentration, pour l’occasion la ministre du Land Baden-Württemberg, Silke Krebs et l’historien Peter Steinbach, directeur du mémorial de la résistance allemande à Berlin ont prononcé un discours.
En novembre a eu lieu le séminaire annuel au monastère d’Irsee (Bavière) sur « la mémoire du judaïsme en Souabe ». J’y accompagnais Nicola Wenge, la directrice du centre de documentation, qui faisait une communication sur la mémoire du judaïsme à Ulm. D’importantes questions pour le travail d’un mémorial furent posées pendant le séminaire : Qu’est –ce que le travail de mémoire aujourd’hui ? Comment faire un travail de mémoire quand une grande partie des témoins est morte ? Comment remplacer ces témoins ? Dans quel cadre interroger et faire connaitre les témoins qui sont toujours en vie ? Autre question : doit-on intégrer les coupables dans la mémoire collective ? La question est particulièrement sensible dans les petits villages où vivent des membres de la famille.
Mon opinion, après les quelques mois de travail au centre de documentation, est que le travail de mémoire est aujourd’hui encore possible et qu’il le sera longtemps à travers les « témoins » de la deuxième et troisième génération, qui peuvent raconter l´histoire de leurs parents ou grands-parents après avoir fait parfois des recherches pour reconstruire le parcours de leurs ancêtres. C´est le cas de l´universitaire Jennifer Hartog qui a présenté au mois de Septembre au centre de documentation le parcours de son père comme jeune prisonnier à Auschwitz et dans d´autres camps de concentration, son père n´ayant quasiment jamais parlé à sa fille de cette partie de sa vie. Au colloque d´Irsee, Nicola Wenge a présenté des exemples similaires d’enfants, petits-enfants et mêmes arrière-petits-enfants d’anciens habitants de la communauté juive d’Ulm. Cette présentation a été illustrée par des photos que j’ai recherchées dans notre base de données.
En novembre le centre de documentation a eu d´autre part eu le plaisir de recevoir deux témoins qui firent durant leur adolescence des actes de résistance à Ulm. L´un deux a remis un témoignage écrit au centre de documentation.
J´ai été d’autre part très occupée par mes missions principales. J’ai recherché aux archives municipales des articles de presse sur le procès de l`Einsatzgruppe Tilsit de 1958 afin de sonder l´écho dans la population de l´époque. Je n`ai trouvé jusqu’ ici que quelque éléments. Pour l’exposition « Mémoire du nazisme a Ulm » en général (les recherches sur l’Einsatzgruppe ne sont qu’un point) le DZOK a mis au point un premier projet avec son graphiste.
Le projet de réorganisation des Archives mène lui bon train : J´ai aidé Ulrike, l´archiviste, à lister les documents audio et vidéo avant leur envoi au prestataire pour numérisation ; j`ai aussi réfléchi avec elle à une réorganisation du magasin avec de nouvelles étagères. J’ai, par ailleurs, profité du reconditionnement de documents pour mieux connaître les fonds. Les archives du centre de documentation ne sont pas très importantes, mais de mon point de vue extrêmement intéressantes parce qu’elles sont constituées d`éléments extrêmement différents : documents papier, photos, affiches, cassettes audio (témoignages) et objets pour lesquels j´ai commencé à rechercher les conditionnements appropriés. J’établirai ensuite leur description, parmi ces objets : des insignes nazis, des médailles, l’appareil avec lequel les frères Scholl ont imprimé leurs tracts.
Sur ma vie a Ulm : J’ai enfin mon propre appartement : une chambre que je sous-loue. Je profite de cette nouvelle vie mais il me manque encore un cercle de connaissances et d´amis, qui viendront sans doute bientôt !